Domaines techniques de spécialisation

Le travail de promotion de l’ANPIES se focalisera sur les 3 filières identifiées comme les filières clés dans l’attraction des investissements et l’exportation des services de santé tunisiens : Tourisme de santé, Industrie pharmaceutique et recherche en santé et Formation en santé et ressources humaines.

Tourisme de santé


Les exportations tunisiennes dérivées du tourisme de santé peuvent être facilement classées en deux types : médecine curative (tourisme médical) et médecine préventive (hydrothérapie et bien être).

Médecine curative : tourisme médical

Présentement, même si le concept de tourisme médical est largement répandu, il n’en existe pas une définition consensuelle. Ce qui rend difficile l’obtention des données systématisées et fiables. Dans le cadre du présent rapport, nous avons adopté comme définition du tourisme de santé celle proposée par la OCDE (2009) et qui définit le tourisme médical comme suit : « tourisme médical, quand les consommateurs choisissent de voyager à l’étranger dans le but de recevoir une certaine forme de traitement médical ».

La Tunisie est devenue, au cours des dernières années, un des acteurs globaux dans le secteur du tourisme médical. En 2017 le nombre des touristes médicaux en Tunisie a atteint environ 500 000 patients , les spécialités les plus demandées par les patients étrangers étant l’orthopédie et l’ensemble des chirurgies. Les principaux pays concurrentiels dans la région sont la Turquie, les Emirats Arabes Unis, la Jordanie, l’Egypte et le Maroc.

D’autre part, la Tunisie a développé un organisme de contrôle pour garantir la qualité et la sécurité des soins dans les établissements hospitaliers du pays. L’organisation créée à cet effet est l’Instance Nationale de l’Accréditation et l’Evaluation en Santé (INEAS), mise en place en 2012 par le gouvernement tunisien avec la mission de promouvoir et réguler la qualité du système national de santé. Elle agit comme une autorité scientifique publique et indépendante

Médecine préventive : hydrothérapie et bien-être

La Tunisie se trouve dans une position privilégiée en matière d’hydrothérapie, un secteur qui comprend le thermalisme, la thalassothérapie et les soins avec l’eau douce. La Tunisie est devenue au cours des dernières années la deuxième destination mondiale de thalassothérapie après la France. Le pays compte aujourd’hui 57 centres répartis sur tout le littoral, offrant des cures de qualité.

La Tunisie a une excellente réputation au niveau mondiale dans ce domaine. Cela est dû, dans une grande mesure, à l’action de l’Office Nationale du Thermalisme et de l’Hydrothérapie (ONTH) : une structure mise en place depuis 1975 par le gouvernement tunisien et avec la mission de mettre en œuvre la politique du gouvernement dans le secteur de l’hydrothérapie et le secteur des eaux conditionnées. Il s’agit d’un établissement public à caractère non administratif placé, depuis 2008, sous la tutelle du Ministère de la Santé. En 2011, le décret-loi-2011-52 du 6 juin a modifié la nomination de l'office de Thermalisme par « Office national de Thermalisme et de l'Hydrothérapie ».

La Tunisie est un cas unique à cet égard. C’est l’un des rares pays au monde à avoir une législation spécifique en matière d’hydrothérapie et le seul à disposer d’une structure comme l’ONTH, qui gère les trois eaux (eau de mer, eau de source et eau douce, réciproquement pour le thermalisme, la thalassothérapie et les soins avec l’eau douce). Cette structure fixe des standards minimums et contrôle le respect de ceux-là par les centres tunisiens. La norme ISO 17 680 Thalassothérapie - services & exigences est inspirée de la norme tunisienne NT 126.05 Services touristiques - Bonnes pratiques en thalassothérapie. Cette norme a été initiée par la Tunisie et représentée par l'ONTH, l'INNORPI et l'ONTT, qui ont participé aux travaux du groupe de travail tourisme de santé relatif au comité technique ISO/TC 228 Tourisme et services connexes.

Industrie pharmaceutique et recherche en santé


La Tunisie a été le premier pays à développer une industrie pharmaceutique en Afrique et elle déteint actuellement, l’une de industries pharmaceutiques les plus performantes du continent.

Présentement, le secteur pharmaceutique s’organise autour de 5 organismes de réglementation et de contrôle. Ces structures sont chargées de définir une politique pharmaceutique nationale et de contrôler la qualité et la viabilité des médicaments. Les structures sont les suivantes :

1. La Direction de la Pharmacie et du Médicament (DPM)
2. Le Laboratoire National de Contrôle des Médicaments (LNCM)
3. Le Centre National de Pharmacovigilance (CNPV)
4. La Direction de l’Inspection Pharmaceutique (DIP)
5. L’Agence Nationale de Contrôle Sanitaire et Environnemental (ANCSEP)

Avec une structure institutionnelle solide et le soutien du gouvernement, l’industrie pharmaceutique tunisienne a vécu un remarquable développement au cours des dernières décennies. Le secteur pharmaceutique tunisien a multiplié son chiffre d’affaire par 50 au cours des 20 dernières années : en 1997 les revenus étaient de 15 MDT contre plus de 700 MDT en 2017 pour la fabrication locale. En outre, la production locale couvre 47% (en valeur) des besoins nationaux, avec une production à plus de 70% de génériques . Les chiffres des exportations sont de 47 MDT (pour les médicaments) en 2016, soit 10% du total de la production locale.

Cependant, et bien que cette tendance commence à s’inverser depuis 2013, le pays est obligé d'importer (notamment les médicaments princeps et les médicaments innovants, non assurés par la production locale), ce qui laisse une balance commerciale négative non négligeable : -413 millions USD.

Dispositifs médicaux

- Le sous-secteur des dispositifs médicaux comprend tout instrument, dispositif, implémentation, machine, implant, réactif pour utilisation in vitro, logiciel, matériel ou autre article similaire ou connexe.

- L’industrie des dispositifs médicaux tunisienne a connu une forte croissance au cours des dernières années. La production nationale des dispositifs médicaux est estimée actuellement à 190 MDT, dont 70 MDT pour la consommation locale et 120 MDT pour l’exportation , soit 63% de la production locale totale. Ces chiffres d’exportations sont impulsés, notamment par l’implantation en Tunisie de sociétés de production totalement exportatrices réalisant d’importants investissements

- En vue de favoriser le développement de la filière, les autorités tunisiennes ont mis en place un système d’Assurance Qualité avec implication de plusieurs organisations de contrôle : ANCSEP, DPM, DIP et LNCM. Néanmoins, la Tunisie n’a pas encore un règlement spécifique pour l’activité de cette filière, ce qui représente une contrainte majeure pour son développement. Pour subvenir à cette contrainte, le ministère de la Santé est actuellement en train d’élaborer un projet de loi sur la réglementation du secteur des dispositifs médicaux afin de créer un environnement propice pour le développement du secteur.

Formation et ressources humaines dans les métiers de la santé


La formation universitaire dans le domaine de la santé en Tunisie s’organise sur deux axes:

1. La formation des médecins, médecins-dentistes et pharmaciens :

cette formation se fait uniquement dans les institutions publiques destinées à cet effet

2. La formation des paramédicaux :

elle se fait aussi dans des institutions publiques que privées.

La Tunisie travaille depuis des années au niveau institutionnel pour développer son système de formation supérieur dans les métiers de la santé. Plusieurs mesures ont été entreprises, comme par exemple la mise en place de cadres de coopération bilatérale avec d’autres pays africains, l’élévation des niveaux de formation au cours des dernières années et la création d’accords de coopération avec des universités européennes.

Les chiffres pour 2013 pour l’enseignement supérieur étaient de 25 800 étudiants dans les métiers de la santé dont 4 800 dans des écoles privées. 6 000 étudiants diplômés, 1 500 parmi eux avec des doctorats en médicine, pharmacie et odontologie. Parmi eux, 645 étaient des étudiants étrangers, dont 60% provenant des pays de la région du Maghreb ; le reste était originaire de pays africains francophones